568              MÉMOIRES DE PIERRE DÈ L'ESTOILE.
de parlement et à tous ses officiers de proceder contre ceux qui se rendront opiniâtres, et indignes de cette presente grace, comme contre des criminels de leze-majesté au premier chef.
. On a eu avis que le lundy 15 du mois dernier, le duc de Nevers étoit arrivé à la Moucha, qui est à cinq journées de Rome, oiile perePoussevin l'a été trouver, et lui a montré une lettre du cardinal Saint-George, • par laquelle il le chargeoit d'avertir ledit duc que l'in­tention du Pape étoit quHl vînt à Rome avec le moin--dre apparat de compagnie qu'il pourroit, pour ne don­ner aucun ombrage que ce fûjt, comme personne pu­blique ou chargée d'affaires publiques, afin qu'aucun ne pût faire par sa venue jugement different de Ia droite et sainte intention de Sa Sainteté ; et que ledit duc eût agréable, venant à Rome, d'y venir, resohi de ne s'y • arréter plus de dix jours.
Que ledit duc, nonobstant cet avis, s'étoit avancé •vers Rome, et qu'il y étoit arrivé le dimanche ai du même mois, presque de nuit et en carrosse, accompa­gné seulement de cinquante gentilshommes, et de son train ordinaire; et étoit entré, non par la porte del Pa-polo CO, où grand nombre de personnes l'attendoient ; mais par la porte Angelica.
Que le même soir il fut au palais pour baiser les pieds de Sa Sainteté, et la prier de ne vouloir le con­traindre à demeurer dans Rome que dix jours, et de lui permettre de visiter messieurs les cardinaux, comme il avoit ordre du Roy. A quoi le Pape avoit repondu qu?il y aviserpit, et le lui feroit sçavoir. Le duc ayant
(0 Porte del Popolo : Cest la porte par laquelle les ambassadeurs out leur entrée dans Rome.
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